moi du reste. » Galehaut mande aussitôt au Roi des cent chevaliers de faire replier les tentes, de lever les lices de fer et de tout disposer en face des tentes bretonnes, de façon qu’il n’y ait que la rivière entre deux.
Il reprend ensuite le chemin de la tente du roi. La reine, des fenêtres de la bretèche, le vit approcher et, descendant aussitôt au-devant de lui, elle s’informe des nouvelles : « Dame, j’en ai tant fait que je dois bien craindre de perdre, pour vous, ce que j’aime le plus au monde. – Oh ! ce que vous perdrez à cause de moi, je vous le rendrai au cent double : quand viendra-t-il ? — Le plus tôt qu’il pourra : je l’ai envoyé quérir. — Nous verrons : si vous le voulez bien, il sera demain ici. » Elle remonta dans la bretèche et Galehaut revint à son ami.
Plusieurs jours passèrent sans que l’impatience de la reine fût satisfaite. « Le Noir chevalier, lui disait Galehaut, est prévenu ; il est sans doute en chemin, le voyage est long, il ne tardera guère. » Et la reine, qui devinait la vérité, lui reprochait de vouloir lui faire perdre toute patience.
Enfin, un matin, il dit à son ami : « Il n’y a plus à s’en défendre, il faut que vous voyiez la reine. — Faites alors que personne ne s’en aperçoive : maints chevaliers autour du roi m’ont déjà vu et ne manqueraient pas de me recon-