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lancelot du lac.

qui éviterait de le rencontrer. Les Bretons peu à peu lâchèrent pied, retournèrent à leur camp où ils ne tardèrent pas à être poursuivis. Bientôt les lices sont emportées ; plus d’espoir d’échapper à la complète déroute. Le roi Artus, résigné au sort qui semblait lui être réservé, avait fait approcher un palefroi pour ramener la reine dans la tour de Londres ; messire Gauvain avait refusé de se laisser conduire en litière à la suite de la reine, ne voulant pas survivre, dit-il, à la perte de tout honneur terrestre. Cependant l’ami de Galehaut retenait les vainqueurs devant les tentes les plus avancées ; puis, regardant autour de lui, il fit signe au prince des Îles lointaines ; Galehaut approcha : « Sire, lui dit-il, est-ce assez ? » – « Oui ; dites votre plaisir. — C’est que vous teniez nos conventions, le temps en est venu. — Puisqu’il vous plaît, je les tiendrai sans regret. » Et, ce disant, il pique des deux vers l’étendard du roi Artus, qui voulait vendre chèrement sa vie. Il demande à lui parler : le roi, qui n’avait déjà plus l’espoir de garder sa couronne, fait quelques pas en avant. Dès que Galehaut le voit, il met pied à terre, s’agenouille, et, les mains jointes : « Sire, dit-il, je viens vous faire droit de ce que j’ai méfait ; j’en ai regret, et me mets en votre merci. » À ces paroles si peu attendues, le roi lève les mains au ciel ; il croit rêver, et ne laisse