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lancelot du lac.

breuses évolutions : il n’eût pas voulu, disait-il, pour l’empire du monde, qu’il arrivât malheur à un si preux vassal. Il se contenta de rendre la retraite moins désastreuse, et, quand le coucher du soleil mit fin à la lutte, il reprit les traces du Noir chevalier qui voulant éviter d’être reconnu, avait suivi le sentier frayé autour de la montagne voisine. Galehaut le rejoignit comme il tournait du côté opposé : « Dieu vous bénisse, sire ! » lui dit-il. L’autre se contente de rendre le salut. « Sire, reprend Galehaut, veuillez me dire qui vous êtes. — Beau sire, vous le voyez, un chevalier. – Je le sais, et le meilleur des chevaliers ; celui auquel je voudrais porter tout l’honneur du monde. Je vous ai suivi dans l’espérance de vous voir revenir avec moi. — Qui êtes-vous pour faire une telle offre ? — Sire, je suis Galehaut, le fils de la géante, le seigneur de tous les hommes d’armes contre lesquels vous avez soutenu l’honneur du roi de Logres. — Vous êtes l’ennemi de monseigneur le roi Artus, et vous m’invitez à revenir avec vous ? N’y comptez pas, beau sire. — Ah ! sire, je suis à vous plus que vous ne pouvez penser, et, si vous consentez à m’accompagner, je promets d’accorder tout ce qu’il vous plaira demander.

— « Voilà, fait le Noir chevalier, de belles pa-