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lancelot du lac.

ployées. » Elles remontent à la chambre où les armes étaient déposées ; le haubert était faussé, déchiqueté vers les bras, les épaules et ailleurs. L’écu était fendu, écartelé, percé en vingt endroits de trous où l’on aurait aisément passé les poings fermés. Le heaume était bosselé, barré ; le nasal détaché, le cercle traînant jusqu’à terre, à peine retenu par un dernier clou tordu.

« Voyez, cousine, dit la dame, que vous semble de ces armes ? — Que celui qui les porta n’est pas demeuré oisif. — Dites que le plus preux des hommes les a portées. — Puisque vous le dites, dame, cela peut bien être.

« — Venez, venez, reprend la dame, il faut aller le voir. Car enfin, avant de croire il faut voir. » Elles arrivent à l’entrée de la geôle demeurée entr’ouverte. La dame prend en sa main les chandelles, avance la tête dans la porte, et voit le chevalier étendu nu dans son lit, la couverture tirée jusqu’au dessous de la poitrine, les bras découverts en raison de la chaleur, les yeux entièrement fermés. Elle regarde, le visage était boursouflé, le cou froissé par la pression des mailles, le nez écorché, les épaules traversées de longues entailles, les bras tout à fait bleus des coups reçus, les poings enflés et rougis de sang.

Alors, revenant à la cousine : « À votre tour,