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lancelot du lac.

ses hommes, et quand on demandait aux gens du pays ce qu’ils pensaient d’elle, ils répondaient : « C’est la reine de toutes les dames. »

On a vu que, de la geôle où il était enfermé, le Bon chevalier pouvait entendre et voir tout ce qu’on faisait dans la grande salle. Plusieurs vassaux, au retour de la bataille livrée par Galehaut aux Bretons, ne manquèrent pas de raconter les grandes prouesses et les blessures dangereuses de monseigneur Gauvain. Le Bon chevalier fit alors signe à celui d’entre eux qui paraissait avoir le plus d’autorité sur la dame de Malehaut : « Je vous prie, dit-il, d’aller demander à votre dame la faveur d’un entretien. » Le prud’homme obéit, et bientôt vint tirer le prisonnier de la geôle pour l’amener dans la chambre haute.

« Beau sire, dit la dame, que me voulez-vous ? — Dame, que vous me mettiez à rançon. Je suis un pauvre chevalier ; mais il en est plus d’un, parmi les hommes du roi Artus, qui volontiers me rachèteraient. — Beau sire, répond la dame, je ne vous ai pas retenu dans l’espoir d’une rançon, mais pour la justice que je dois à mon sénéchal, dont vous avez tué le fils. — Je l’ai fait, dame, pour ne pas être parjure ; mais, croyez-moi, s’il vous plaisait me mettre à rançon, vous n’en auriez pas regret. J’apprends que les échelles du roi Artus et du prince Galehaut doivent encore se rencontrer