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les assemblées de galore.

parait à passer outre avec une armée de cent mille fervêtus. « Dites à la dame qui vous envoie, répondit le roi, que je partirai cette nuit ou demain au plus tard. À Dieu ne plaise que j’attende un seul jour, quand on ose mettre le pied sur nos terres ! » Et sans écouter les remontrances de ses chevaliers, il partit de grand matin avec environ sept mille hommes d’armes. Que pouvait un si faible nombre devant l’armée de Galehaut ? Cependant, grâce aux merveilleuses prouesses de messire Gauvain, le Roi des cent chevaliers fut obligé de céder le terrain à plusieurs reprises ; mais le prince Galehaut, qui dédaignait de combattre en personne un ennemi si faiblement soutenu, contraignit enfin les Bretons à sonner la retraite. Il y eut devant les deux camps un furieux combat ; Gauvain, couvert de blessures, arrêta les ennemis devant les premiers retranchements : mais à peine les assaillants se furent-ils retirés que lui-même tomba sanglant, inanimé, et le bruit de sa mort se répandit dans l’armée. Rien ne peut exprimer la douleur qu’en ressentirent la reine et tous ceux qui tenaient à l’honneur du roi.

Le camp des Bretons s’étendait le long d’une rivière, à sept lieues environ de la cité de Malehaut. La jeune et riche dame qui retenait le Bon chevalier dans sa geôle avait perdu naguère son baron ; mais elle était aimée de tous