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la reine aux grandes douleurs.

la reine. » L’abbesse ne put retenir ses larmes. « Pour Dieu madame, lui dit-elle, veuillez ne rien me cacher, je le sais, vous êtes la reine. — Oui, oui, la reine aux grandes douleurs. » Cette réponse a fait que la première branche de notre histoire est ordinairement appelée l’Histoire de la Reine aux grandes douleurs.

« Laquelle que je sois, reprit Hélène, faites-moi nonne, je ne désire que cela. — Volontiers, madame, mais dites-nous la cause de vos douleurs. » La reine, rassemblant toutes ses forces, raconta comment ils étaient sortis de Trebes, comment le roi n’avait pu soutenir la vue de l’embrasement de son château ; comment on l’avait retrouvé sans vie, et comment enfin un démon sous la forme d’une demoiselle avait enlevé son cher enfant. « Vous voyez maintenant, ajouta-t-elle, si j’ai raison de haïr le siècle. Faites prendre le grand trésor d’or, d’argent et de vaisselle que porte ce cheval, et employez-les à faire un moutier dans lequel on ne cessera de chanter pour l’âme de monseigneur le roi.

« Ah ! madame, dit l’abbesse, vous ne savez pas combien il est difficile de vivre en religion. C’est le travail des corps et le péril des âmes. Demeurez avec nous, sans revêtir l’habit ; soyez toujours madame la reine ; notre maison est vôtre, les ancêtres de monsei-