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lancelot du lac.

pique des deux éperons, la lance sur feutre et l’écu devant la poitrine. Il est bientôt aperçu par un des deux géants, qui, d’une voix bruyante :

« Chevalier, si tu as en haine le roi Artus et la reine Genièvre, avance et sois le bienvenu. Si tu les aimes, viens recevoir la mort. — Par ma foi ! je les aime, et je vais te punir de ne pas les aimer. » Le géant avance, lève une lourde massue ; mais il était si grand, il avait les bras si longs, qu’il la fait porter au-delà du cheval du prisonnier de Dagonnet ; elle ne frappe que la terre, pendant que notre bon chevalier, de la pointe de sa lance, le jette mort devant lui. L’autre géant arrive en ce moment, lève son énorme massue et la fait retomber sur la croupe du cheval ; l’animal s’affaisse, les deux jambes rompues. Le prisonnier de Dagonnet se dégage couvert de son écu, il marche sur le géant qui hausse une deuxième fois sa massue. Elle rencontre l’écu, l’écartèle et le met en pièces. Mais d’un revers de lance, le prisonnier de Dagonnet fait tomber le poing qui tenait la massue et quand le géant hausse l’autre bras pour l’assommer d’un coup de poing, il est lui-même atteint du tranchant de l’épée qui, après lui avoir ouvert le ventre, descend sur son pied et le sépare de la jambe. Il fléchit et tombant de son haut ne peut continuer la lutte. Le vainqueur ne daigne pas lui arracher la vie. En ce moment