Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 3.djvu/213

Cette page a été validée par deux contributeurs.
208
lancelot du lac.

n’est secouru. » Yvain aussitôt pousse dans l’eau et arrive au chevalier, dont les flots avaient déjà plusieurs fois recouvert les armes ; il le ramène à la rive. « Eh, beau sire ! lui dit-il, comment n’avez-vous pas retenu votre cheval ? — Vous voyez, sire, je le laissais boire. — Vous le laissiez plutôt noyer et vous noyer avec lui. Où alliez-vous donc ? – J’entendais à suivre un chevalier. »

Yvain l’eût aisément reconnu s’il eût eu la ventaille abaissée et s’il eût gardé l’écu qu’il avait porté à la dernière assemblée. Mais celui qu’il avait choisi le matin ne donnait pas grande idée de lui. Yvain lui demande s’il tenait toujours à rejoindre son compagnon : « Assurément. — Repassez donc la rivière, vers le gué, un peu plus haut ; suivez dans la forêt le chemin qui sera devant vous. » Cela dit, il le laisse, et le bon chevalier qui ne pouvait détourner ses yeux de la reine, au lieu de gagner le gué, suit les maisons sans penser où il va. Bientôt arrive Dagonnet, le sot chevalier, qui lui demande ce qu’il cherche ; et, n’obtenant pas de réponse, saisit le cheval au frein et l’emmène, sans trouver la moindre résistance.

« Assurément, disait la reine à Yvain, ce chevalier vous doit la vie ; sans vous il se fût noyé. — Et c’eût été dommage, répondait Yvain, car, malgré son écu enfumé, on voit