pouvait le priver de son meilleur chevalier dans la guerre qu’il allait soutenir.
XXV.
ous avons vu que le Blanc chevalier, quand il avait laissé Gauvain chez l’ermite
du Plessis, était allé reprendre ses écuyers qui l’attendaient à la Tombe-Lucan.
Il chevaucha quelques jours sans trouver aventure :
enfin, dans une épaisse forêt où il s’était
engagé, il entendit un grand bruit, puis vit un chevalier qui traînait à la queue de son cheval
un homme en chemise, les yeux bandés, les
mains liées derrière le dos : à son cou était
nouée par les cheveux la tête sanglante d’une
femme. Il se sentit ému de grande pitié : « Qui êtes-vous ? » demande-t-il au malheureux qu’on
traînait ainsi. — « Je suis à la reine de la Grande-Bretagne. — Sire, dit aussitôt le Blanc chevalier
à celui qui tenait les rênes, est-ce là le traitement qu’on doit infliger à chrétien ? — On lui ferait, dit l’autre, pis encore, si on lui rendait justice. Il m’a honni dans ma femme épousée, celle dont il soutient la tête. — N’en croyez rien, chevalier. Jamais je n’eus telle pensée à l’égard de sa femme. — Puisqu’il nie, chevalier, au lieu de vous venger de vos