Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 3.djvu/184

Cette page a été validée par deux contributeurs.
179
la prison douloureuse.

connaître Brandus, qu’il atteint d’un revers d’épée et renverse sur la crinière de son cheval. D’un second coup, il le jette à terre et le foule aux pieds : il allait lui trancher la tête et avait déjà délacé le heaume, quand Brandus lui crie : « Merci ! ne me tuez pas si vous aimez le roi Artus ! — Vous rendez-vous ? — Oui, si vous ne me donnez pas pour prison la Douloureuse garde. — C’est là précisément que j’entends vous retenir. — Eh bien, je préfère la mort, et vous perdrez, en me frappant, tout moyen de délivrer monseigneur Gauvain. — Pour délivrer messire Gauvain, il n’est rien que je ne fasse : montez en croupe derrière moi ; nous irons, non pas à la Douloureuse garde, mais à l’ermitage du Plessis. »

Brandus eut grande peine à se soulever et à monter sur le cheval du Blanc chevalier. Mais, avant de gagner le Plessis, ils firent rencontre des chevaliers du roi, qui revenaient de la poursuite des gens de Brandus. Messire Keu fut le premier à les apercevoir, et s’adressant au Blanc chevalier : « Au nom de monseigneur le Roi, j’entends savoir qui vous êtes. — Je suis un chevalier ; cela doit vous suffire, et celui que je mène en croupe est mon prisonnier. » Keu regarde et reconnaît l’ancien et le nouveau maître de la Douloureuse garde : « Oh ! oh ! dit-il, c’est vous, chevalier, qui avez hier fermé la