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le gué de la reine.

voir. » Et ce disant, il quitte le frein, ramène son écu sur sa poitrine, lève son glaive et s’élance vers le Blanc chevalier, qui le reçoit en le faisant voler à terre. Puis, saisissant la bride abandonnée du cheval « Reprenez-la, dit-il, j’ai en vérité regret de vous avoir abattu. — Au moins, dit l’autre qui ne pouvait cacher son dépit, me direz-vous qui vous êtes. — Je n’en ai pas l’intention. — Eh bien nous allons recommencer. — Non, vous êtes en trop haut conduit [1]. — Je ne suis pas, vous dis-je, à la reine et je veux savoir votre nom. — Mais je n’entends pas vous le dire. — Défendez-vous donc. » Le combat se renouvelle, et cette fois dure plus longtemps ; à la fin, il fallut que pour sauver sa vie l’inconnu demandât merci.

C’était Alibon, le fils au Vavasseur du Gué de la reine. En rendant les armes, il pria de nouveau et vainement le vainqueur de lui dire son nom : « Au moins permettez moi d’aller m’en enquérir auprès de ceux qui ne peuvent l’ignorer. — Comme il vous plaira. »

Alibon se rendit à Carlion où étaient le roi et la reine. « Ma dame, dit-il, veuillez m’apprendre le nom d’un chevalier aux armes blanches et au cheval blanc. — Pourquoi le demandez--

  1. Vous avez un trop bon sauf-conduit, dirait-on aujourd’hui.