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lancelot du lac.

deux chevaliers qu’Artus lui avait envoyés. Messire Keu reçut ces témoignages de reconnaissance comme s’il les eût seul mérités, et reprit le chemin de Logres pour aller conter au roi Artus ce qu’il avait fait, sans toutefois oublier ce qu’avait fait le Blanc chevalier. Celui-ci consentit à demeurer quelques jours à Nohan, et quand enfin il prit congé, la dame qui n’avait pu le retenir le fit convoyer par plusieurs de ses hommes, au nombre desquels se trouva le chevalier qui avait rapporté l’épée de la reine. « Veuillez me pardonner, » dit-il au Blanc chevalier, en s’humiliant devant lui. « — Et pourquoi ? — Sire, c’est moi qui vous avais ménagé les dangers du voyage dont vous vous êtes si bien tiré. Vous avez combattu deux chevaliers, parce que j’avais pressé madame de Nohan de vous soumettre à des épreuves qui témoigneraient de ce que vous pouviez faire. Il en avait été de même de la rencontre du grand chevalier, qu’on renommait tant pour sa prouesse. Son nom est Antragais ; le premier, il avait offert à madame de prendre en main sa défense : avant d’y consentir, madame avait souhaité qu’il se mesurât avec le champion qu’enverrait le roi Artus. De là les épreuves auxquelles vous avez été soumis. — Je ne vois en cela, reprit le Blanc chevalier, aucune offense, et s’il y en eut, je ne vous en sais pas mauvais