beaucoup, encore ne seriez-vous pas éconduite. Quel est le don que vous réclamez ? – C’est de vouloir bien adouber ce beau valet de son harnois et de ses propres armes, quand il vous le demandera. — Grand merci, demoiselle, de nous amener un tel jouvenceau : assurément l’adouberai-je quand il le demandera ; mais vous m’avez dit que le don ne serait pas à mon dommage ; cependant j’aurais grande honte de manquer à mon habitude de fournir d’armes et de robes ceux qui reçoivent de moi leur chevalerie. À moi le don du harnois et des armes, à Dieu d’y mettre le surplus : j’entends la prouesse et la loyauté.
— Il se peut, reprend la dame, que votre usage soit de donner aux nouveaux chevaliers leurs armes ; mais peut-être ne vous a-t-on pas encore demandé d’en agir autrement[1]. Pour moi, je tiens à ce que le valet porte les armes que je lui ai destinées. Accordez-moi, sire, de l’adouber à cette condition si vous refusez, je m’adresserai à un autre roi, ou je l’armerai moi-même, plutôt que de le priver de la chevalerie qu’il est impatient d’obtenir. »
Alors messire Yvain prenant la parole : « Sire,
- ↑ Sagremor, dans le livre du Roi Artus, avait déjà voulu être adoubé de ses propres armes. (T. II, p. 204.)