Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 3.djvu/120

Cette page a été validée par deux contributeurs.
115
l’adoubement.

dolence et de la paresse. Vous m’avez dit souvent que le cœur faisait le prud’homme ; dites-moi, s’il vous plaît, quels sont ces devoirs de la chevalerie que vous dites si terribles.

« – Volontiers, reprit la dame ; non pas tous, mais ceux qu’il m’a été donné de reconnaître.

« Ce ne fut pas un jeu que la chevalerie à son commencement : on n’eut pas alors égard à la noblesse ou gentillesse de lignage, car tous nous descendons du même père et de la même mère ; et au moment où l’envie et la convoitise firent leur entrée dans le monde aux dépens de la justice, il y avait parfaite égalité de race entre tous. Quand les plus faibles commencèrent à tout craindre des plus forts, on établit des gardiens et défenseurs, pour prêter appui aux uns et arrêter la violence des autres.

« On élut, à cet effet, ceux qui semblaient les plus forts, les plus grands, les plus adroits, les plus beaux ; quand ils joignaient à ces dons ceux du cœur, la loyauté, la bonté, la hardiesse. On les nomma chevaliers, parce qu’ils montèrent les premiers à cheval. Ils durent être courtois sans bassesse, bienveillants sans réserve ; compatissants aux malheureux, généreux aux indigents ; toujours armés contre les meurtriers et les larrons ; toujours prêts à juger sans haine et sans amour, à préférer la mort à la