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l’adoubement.

vous, si vous ne voulez voir mon cœur se briser. — Dame, je m’en vais donc, puisque ma présence ne vous apporte que des ennuis. »

Il s’éloigne, va prendre son arc, le passe à son cou, resserre son carquois, pose la selle et le mors à son coursier, et l’amène dans la cour. Cependant la dame qui l’aimait éperdûment, craignant de l’avoir affligé, se lève, essuie ses yeux gonflés, et arrive dans la cour au moment où il mettait le pied à l’étrier. Elle se jette au frein du cheval : « Valet, dit-elle où voulez-vous aller ? — Dame, au bois. — Descendez, vous n’irez pas. » Il se tait, descend, et le cheval est reconduit à l’étable.

Elle le prend alors par la main, le mène dans ses chambres, et le fait asseoir auprès d’elle sur une couche ou lit de repos. « Dites-moi, par la foi que vous me devez, où vouliez-vous aller ? — Dame, vous paraissez fâchée contre moi ; vous refusez de me parler ; j’ai pensé que je n’avais plus rien à faire ici. — Mais, où vouliez-vous aller, beau fils de roi ? — Dans un lieu où j’aurais pu trouver à me consoler. — Et ce lieu ? – La maison du roi Artus, qu’on m’a dite le rendez vous de tous les bons. Je me serais mis au service d’un de ses prud’hommes qui plus tard m’eût fait chevalier. — Comment ! fils de roi, voulez-vous donc être chevalier ? — C’est la chose du monde que je