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les enfances.

dit Claudas. Valets aussitôt de l’entourer, de lui enlever les dernières pièces de son armure. Le voilà en simple cotte d’isembrun, sans barbe ni grenons mais taillé merveilleusement de corps, et beau de visage. Il est devant le roi, mais il ne daigne pas le regarder. À Claudas de rompre le silence

« Lambègue, comment as-tu bien la hardiesse de venir ici ? Tu sais que je ne hais personne au monde autant que toi. — Et toi, Claudas, ne sais-tu pas que je ne te crains guère ? — Tu me menaces encore, au moment où ta vie m’appartient ! — Je n’ai aucune peur de la mort ; je savais bien, en me livrant à toi, qu’elle me prendrait. — Avoue-le : tu croyais avoir affaire à un ennemi compatissant. — Non, mais au plus cruel qui fut jamais. — Et pourquoi aurais-je de toi la moindre pitié ? Est-ce que tu m’épargnerais si j’avais le malheur de tomber entre tes mains ? — Dieu n’a pas voulu m’accorder tant de grâce ; mais, pour te voir mourir de ma main, j’aurais donné tout dans ce monde, et ma part dans l’autre. »

Claudas jeta un ris, et, avançant la main gauche, il prend Lambègue par le menton : « Lambègue, » dit-il après un moment de silence, « qui vous a pour compagnon peut se vanter d’avoir près de lui le plus dur de cœur, le plus indomptable fils de femme qui soit sorti du lit ce