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MERLIN.

le perron fut laissé en garde aux dix prud’hommes, et chacun put s’approcher et tenter également l’épreuve. Il n’y eut personne pour ainsi dire qui, ce jour-là et les jours suivants, ne se présentât devant le perron et ne fit d’inutiles efforts pour lever l’épée. Au jour de la Circoncision, nouveau sermon de l’archevêque, nouvelles tentatives infructueuses, nouvelle promesse des barons d’accepter pour roi celui qui séparerait l’épée de l’enclume et serait ainsi désigné par Notre-Seigneur lui-même.

« Ensi fu la messe chantée, et alerent li baron et tuit li autre chascuns mangier à son hostel. Et après mangier, si com l’en souloit faire en ce tems, alèrent li chevalier behorder hors de la ville en un champ, et si i ala li plus de la ville ; et li dis prodomes qui gardoient l’espée i alèrent aussi pour la behour veoir. Et quant li chevalier orent behourdé une grant piece, si baillerent lor escus à lor vallés qui tant béhorderent que entre els leva une mellée moult grant, si que toutes les gens de la ville i acorurent, et armé et désarmé.

« Antor avoit fait chevalier de son fil Keu à la Toussaint. Quant la messe fu commencie, Keus apela son frere et lui dist : Va moi querre m’espée à nostre ostel. Cil fu moult preus et moult serviables, si respondi : Sire, moult volentiers. Lors fiert des esperons et ala à