Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/93

Cette page a été validée par deux contributeurs.
87
LE PERRON À L’ENCLUME.

dans l’église pour entendre une nouvelle messe et pour chanter Te Deum laudamus. L’archevêque leur dit dans un beau sermon que nul d’entre eux ne devait espérer la couronne en raison de sa puissance, de sa richesse ou de sa haute origine, mais qu’ils devaient tous être dès ce moment décidés à reconnaître pour roi celui qui accomplirait l’épreuve de l’épée. Ils en tombèrent d’accord ; seulement tous voulaient en même temps les premiers tenter cette épreuve. L’archevêque parvint à leur faire entendre raison en les avertissant que le premier essai pourrait bien ne pas être le plus heureux. Il leur dit encore que l’épée était le signe de la puissance souveraine, et que la Chevalerie avait été chargée de la tenir pour rendre justice à tous et protéger la sainte Église. « Nostre sire, quant il comanda jostice terriene, si la mist en glaive d’espée, et la jostice qui sor les gens lais doit estre si est par l’espée ; et l’espée fu bailliée, au commandement des trois ordres, à chevaliers, por deffendre sainte Église et droite jostice à tenir. »

L’archevêque choisit ensuite deux cent cinquante chevaliers, de ceux qu’on estimait les plus prud’hommes et les plus considérables, pour tenter l’épreuve l’un après l’autre : ils portèrent la main sur la poignée de l’épée, mais nul d’eux n’eut le pouvoir de l’ébranler. Alors