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UTER ET YGIERNE.

tres doivent obéir. Et Ygierne respont : De quel cuer me dites-vous ? Et Ulfin li dist : Celuy du roy. Et celle lieve sa main, si se seigne et dist : Dieus ! com est cis rois traitres, quant il fait semblant de mon seignor amer et moy veult honir ! Ulfin, garde que jamès ne t’aviegne que tieus paroles me dies, que saches-tu bien que je le diroie au duc mon seignor, et se il le savoit il t’en conviendroit mourir, et je ne te celerai que ceste fois. Ulfin respont : Ce seroit mon honor de mourir pour mon seignor ; n’onques mès dame ne se deffendi de tel chose que vous refusez ; mais espoir, vous vous gabez. Dame, pour Dieu ! aiés merci de mon seignor et de vous meismes, car se vous n’en avez merci, vous en verrez grans mous avenir, ne li dus vostre sire ne vous porra deffendre contre la volonté de nostre seignor le roi. Et Ygierne respont en pleurant : Se Dieu plaist, non ferai et je m’en deffendrai bien. »

Ce mauvais succès ne découragea pas le roi : « Ensi, » dit-il, « devoit bonne dame respondre, et jamès bonne dame ne fu si tost vaincue. » La fête à laquelle il avait convié ses hommes touchait à sa fin. Le onzième jour, sur l’avis d’Ulfin, Uter avait fait asseoir le duc à sa droite, et remarquant une très-belle coupe d’or près de lui : « Voyez-vous, » dit-il