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STONEHENGE.

Pendragon : nouvelle preuve que, dans les œuvres littéraires, les conteurs de fables ne s’accordent guère mieux entre eux que les historiens.

Aurélius Ambroise, dit Geoffroy, était allé visiter près de Kaercaradoc, aujourd’hui Salisbury, la sépulture des comtes et principaux guerriers égorgés par l’ordre d’Hengist. À la vue de cette longue suite de tombeaux, le roi n’avait pu retenir ses larmes, et avait pris la résolution d’élever un monument durable à la mémoire de tant de généreuses victimes. Il mande charpentiers et maçons, qui se déclarent incapables de répondre à ses vœux. « Il n’y a que Merlin, » dit alors Tremoun, l’archevêque de Carleon, « qui puisse faire ce que vous souhaitez. » On cherche longtemps Merlin ; on le trouve enfin près de la fontaine de Galabus, dans le pays des Gewisseans. Quand il est arrivé, le roi commence par l’inviter à prophétiser. — « Sire, » dit Merlin, « on ne doit découvrir l’avenir qu’en cas de grande nécessité. Si je satisfaisais une vaine ostentation, l’esprit qui me visite cesserait de m’inspirer et ne reviendrait plus une autre fois. » Le roi n’insista pas, et lui parla du monument qu’il entendait élever. Merlin dit : « Si vous voulez dignement honorer la sépulture de ces hommes illustres, faites prendre la Danse du Géant