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LE ROI ARTUS.

aux étriers d’or et à la housse écarlate, dont les langues battaient jusqu’à terre. Le frein était à membres d’or attachés à des franges d’or battu. Pour elle, elle portait un bliaut de blanc samit ; ses joues étaient serrées par une guimpe de lin et de soie, sa tête enveloppée d’un fin tissu qui la garantissait du hâle. Gauvain rêvait si profondément qu’il ne la vit pas, et, par conséquent, ne songea pas à la saluer. La demoiselle alors tournant vers lui la tête de son palefroi : « Ah ! Gauvain, messire Gauvain ! on ne dit pas la vérité quand on répète en tous lieux que tu es le meilleur des chevaliers, le plus franc et le plus courtois. Que tu sois le meilleur, j’y consens mais assurément es-tu grandement entaché de vilenie quand, rencontrant une dame seule en pleine forêt, tu oses passer devant elle sans la saluer, sans dire mot. » Gauvain sentit la rougeur lui monter au visage en entendant les reproches de la demoiselle, et tournant aussitôt la tête de Gringalet : « Ma douce demoiselle, » dit-il, « je suis en vérité l’un des plus vilains chevaliers du monde ; mais je rêvais si profondément à celui qui fait le sujet de ma quête que je ne vous avais pas vue ; je vous prie donc de me le pardon-

    destrier de Niort » (p. 92) et page 97 sur son bon destrier norois.