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QUÊTE DE MERLIN.

consens, si tel est votre désir, répondit courtoisement le nain ; « car vous me semblez prud’homme, et il n’est rien que je ne fasse pour vous. » Ce disant, il remit son épée au fourreau, tandis que le chevalier, remerciant Yvain de l’avoir sauvé d’une mort assurée, rendait son épée au nain qui la recevait avec celle des trois autres navrés, en leur faisant jurer d’aller tenir la prison du roi Artus.

Telle fut la plus intéressante des aventures d’Yvain durant l’année de sa quête. Les dix enquêteurs rendirent fidèlement compte, en revenant à Logres, de leur voyage inutile et de tout ce qui leur était arrivé.

Venons maintenant à monseigneur Gauvain qui, au sortir de la forêt, s’était séparé de ses compagnons pour chercher isolément aventure. Il parcourut le royaume de Logres, demandant partout des nouvelles de Merlin et ne trouvant personne en état de lui en donner. Un jour, il s’était engagé dans une épaisse forêt, laissant à son cheval toute liberté de changer sa voie : il se perdait en tristes pensées, quand vint à passer près de lui une demoiselle montée sur un riche palefroi norois[1], à la selle d’ivoire,

  1. De Niort : et non pas norvégien comme on le rend ordinairement ; ou noir comme le voulait Du Cange. Dans Raoul de Cambray, Bernier est monté sur « le