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LE LAID CHEVALIER.

nier. Dites-nous donc par quelle aventure vous avez été conquis et envoyé vers moi. — Puisqu’il faut avouer mes ennuis et ma honte, je vous obéirai. Apprenez, Sire, que j’ai aimé la plus belle et la plus gente demoiselle que puisse renfermer le monde ; c’est la belle Beaune, fille du puissant roi Clamadan. Je la demandai en mariage, et son père eût désiré me l’accorder, car je suis de haute lignée, fils de roi et de reine ; le parrain dont je porte le nom est Tradelinan de Norgalles. Mais cette demoiselle n’agréa ni mon amour ni ma demande ; elle aimait, dit-elle, un nain, la plus hideuse créature qu’on puisse voir. Un de ces jours je chevauchais à quelque distance d’un mien logis, quand je rencontrai la belle Beaune sous la conduite de ce nain. » Ici le chevalier raconta sa triste mésaventure, et comment il avait promis de tenir la prison du Roi. « Chevalier, bel ami, » lui dit alors Artus, « vous avez été envoyé en prison courtoise, vous êtes libre de retourner : mais veuillez auparavant me dire quel est ce chevalier nain. — C’est, » répondit Tradelinan, « le fils du roi Brangore, de la terre d’Estrangore. — Brangore, » dit Artus, « est un prince loyal envers Dieu et envers les hommes, et je ne comprends pas comment Notre-