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LE LAID CHEVALIER.

connais pas. » La honte l’empêchait de dire qu’un nain l’eût vaincu. Il recommanda de faire à ses hôtes le plus grand honneur : on leur donna un beau souper et, pour reposer, la plus belle chambre et les deux meilleurs lits de la maison. Le lendemain, dès qu’ils furent levés, la demoiselle arma son nain elle-même, car elle l’aimait trop pour souffrir qu’un autre mît la main sur lui. Quand il ne resta plus que le heaume à lacer, elle le prit par la main et le conduisit dans la chambre où se tenait le chevalier blessé. « Dieu, lui dirent-ils, vous donne le bon jour ! — Et à vous bonne aventure ! » Puis, l’ayant remercié de la belle chère qu’il leur avait faite, ils prirent congé. La demoiselle leva le heaume, le laça sur la tête du nain qu’elle aida à monter, et lui tendit sa lance et son écu, comme les écuyers amenaient son palefroi et la levaient elle-même. Ils suivirent la route d’Estrangore. Mais nous les retrouverons avant le terme de leur voyage.

Quant au chevalier blessé, dans l’impatience d’acquitter son engagement, il n’attendit pas la guérison de ses plaies pour commander à ses écuyers de préparer une bière cavalière et de le transporter à la cour du roi Artus. On posa sur la bière un bon et beau lit, on la couvrit d’un riche drap de soie, et deux che-