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LE GÉANT DU MONT SAINT-MICHEL.

et une église y ont été fondées. Personne n’était plus assez hardi pour aller combattre le géant ou même approcher de son repaire ; il avait écrasé tous ceux qui d’abord s’y étaient aventurés, avec des quartiers de roches qu’il détachait et faisait tomber sur leur tête.

Artus, à cette nouvelle, appela Keu le sénéchal et Beduer le boutillier il les avertit de préparer ses armes pour le moment du premier somme. Tous les trois, suivis de deux écuyers, s’avancèrent jusqu’au pied de la plus haute des deux montagnes ; le flux ne l’avait pas encore recouvert. Sur les deux sommets, ils virent les flammes d’un grand feu. Sur lequel des deux monts se tenait le monstre, rien ne l’indiquait. Artus dit à Beduer : « Allez à la découverte, et revenez dès que vous aurez reconnu le gîte de l’ennemi. » La mer gagnant le pied des roches Beduer prit un batelet dans lequel il fit le tour de la première montagne, puis, sautant à terre, il entendit de grands gémissements qui lui firent craindre de se trouver bientôt en présence du géant. Mais, reprenant courage, il mit au vent son épée et gravit la hauteur d’où les gémissements semblaient partir.

Arrivé au sommet de la montagne, il aperçut, à peu de distance des flammes, une tombe nouvellement creusée. Une vieille femme aux habits déchirés, aux cheveux en désordre, était