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JUGEMENT.

revenir dans leurs logis, car enfin elles ne pouvaient rester toujours enfermées loin de leurs amis et de leur lignage. Après les avoir vainement priées de prolonger leur séjour, la mère pleurait appuyée sur la fenêtre de la tour, en tenant l’enfant dans ses bras : « Ah ! beau fils ! » s’écriait-elle, je recevrai la mort à cause de vous ; je ne l’ai pas méritée : mais qui voudra m’en croire ? » L’enfant la regardant alors : « Belle mère, » dit-il, n’ayez peur ; vous ne mourrez pas pour chose qui de moi soit avenue. » La mère l’entendit, et dans son émotion laissa choir à terre l’enfant. Les matrones accourent : « Quoi ! » dirent-elles, « le voulez-vous donc tuer ? » Elle raconta les mots que venait de prononcer l’enfant ; ce fut à qui d’elles trois le ferait encore parler ; mais elles eurent beau l’exciter, il resta silencieux. Quelques jours après, la mère s’adressant aux matrones : « Dites devant lui que je serai brûlée en punition du crime de sa naissance ; nous verrons s’il parlera. » Les femmes alors : « Ah ! quel malheur, dame, pour votre beau corps qui sera brûlé à cause de cet enfant ! Maudit le jour de sa naissance ! — Vous mentez, » cria Merlin, « ma mère vous a fait ainsi parler ; mais vous êtes plus folles qu’elle et plus grandes pécheresses. »

Ces paroles les effrayèrent tellement qu’elles