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LE ROI ARTUS.

voyait goutte. De sa ceinture descendait une chainette à laquelle était attaché le collier soyeux d’un petit chien plus blanc que la neige. Le varlet, conduit par le chien devant Artus, prit la harpe, dans ses mains, et harpa si doucement un lai breton, que la mélodie ravit de plaisir et charma tous ceux qui étaient présents ; le sénéchal Keu lui-même, au lieu de poser les mets sur la table, s’arrêta comme interdit par les sons qu’il entendait. Mais, avant de dire quel était ce bel aveugle, il faut donner des nouvelles d’une plus ancienne connaissance, le roi Rion, que nous avons perdu de vue depuis que le roi Artus l’a chassé de Carmelide.

Il ne s’était pas Consolé de la défaite qu’il avait essuyée et brûlait de s’en venger. Dès qu’il fut remis de ses fatigues et de ses blessures nombreuses, il manda les barons de ses terres et les rois dont il avait obtenu l’hommage. Paladeus, roi d’Irlande, arriva le premier avec quinze mille hommes : Sapharin avec douze mille, Sarmedon avec treize mille, Argant avec quatorze, Taurus avec quinze, Ari de Galore avec seize, Solimas de Colentraigle avec quinze, Kahahin avec dix, et le roi Ailpantin, de la Terre des Pastures, avec vingt mille. Quand ils furent réunis autour de son faudesteuil :

« Seigneurs, » leur dit-il, « vous êtes mes