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MERLIN EN HARPEUR.

un seul jongleur ou ménestrel qui manquât à la fête. Le service avait été confié à de riches ducs et comtes. La soirée fut employée à de joyeux divertissements, jusqu’au moment où chacun dut se retirer pour reposer.

Le lendemain, au point du jour, le roi et tous ceux qui formaient la cour allèrent entendre une belle messe à l’église de Saint-Étienne, en l’honneur de la douce mère de Jésus-Christ. L’offrande fut belle ; tous les rois et toutes les reines, au nombre de vingt-quatre, y portaient couronne et formaient une radieuse enceinte autour d’Artus et de Genièvre.

Au sortir de l’église, comme le sénéchal Keu venait de servir le premier mets à la table des rois, on vit entrer dans la salle la plus belle forme d’homme qu’on put imaginer. C’était un varlet vêtu d’une cotte de satin vermeil, serrée d’une ceinture de soie à fermoir d’or et de pierres étincelantes. Ses cheveux étaient d’un blond foncé, sur sa tête brillait une couronne pareille à celle des rois ; ses chausses de drap brun étaient ourlées d’orfroi, ses souliers de cuir blanc de Cordoue fermés par deux boucles d’or. À son col était suspendu une harpe d’argent semée de pierres précieuses, les cordes en étaient de fin or. Un seul point était à désirer et ternissait l’éclat de sa beauté : tout en ayant les yeux beaux et vairs, il ne