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GAUVAIN TUE BRANDON.

du projet de la reine, l’avaient suivie, avaient tué le fidèle sénéchal et la ramenaient captive. La reine de Garlot était sœur consanguine d’Artus, et se nommait Blasine. Pour la délivrer, il fallut engager un grand combat. Éliézer y tua le roi Pignoras, Ban le roi Pincenart, Artus le roi Magloras.

Gauvain avait suivi longtemps un vaillant Saisne qui frappait autour de lui, abattait bras, jambes et têtes à chacun de ses coups. Il pressa Gringalet et le joignit : « Chevalier, » dit-il, « tu es vraiment de grande prouesse ; es-tu prince ou roi, comme semblent le donner à penser tes armes et la hauteur de ton courage ? — Oui, je veux bien te le dire, je suis roi d’une contrée de Saxe : on me nomme Brandon, et mon oncle, le plus grand prince du monde, est le roi Hargodabran. — En vous voyant, » répondit Gauvain, « j’ai deviné votre haute lignée et regretté que vous ne soyez pas chrétien. Si vous vouliez le devenir, je serais heureux de vous épargner. — Non plutôt mourir que changer ma loi. — Il m’en pèse, » dit Gauvain, « j’aurais grandement aimé votre compagnie. » Alors il leva la grande épée Escalibor, et fit voler dans le pré la tête du roi Brandon. Les Saisnes prirent aussitôt la fuite ; la reine Blasine fut délivrée, et la grande armée bre-