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LE ROI ARTUS.

départ pour le camp de Salisbery. Il fit en arrivant disposer les tentes sous les oliviers[1] : Keu le sénechal dressa la grande enseigne sur celle du roi : le champ en était blanc à la croix vermeille, ainsi que l’avait recommandé Merlin. Le dragon agitait sa queue flamboyante au-dessus de l’enseigne.

On dut à Merlin le plan et l’ordonnance de la grande bataille. Mais, avant tout, le roi Artus alla rendre visite à chacun des princes qui avaient répondu à son appel. Il en était beaucoup, parmi ces alliés, qui ne tenaient rien de lui et venaient à son aide pour l’amour de Dieu. « Sans eux, » disait Merlin, « vous ne pourriez délivrer des Saisnes l’île de Bretagne ; sachez que jamais tant de chevaliers ne seront assemblés dans cette plaine, jusqu’au jour où le fils tuera le père, et le père le fils. » Artus eût bien voulu recevoir l’explication de ces dernières paroles, mais Merlin refusa de lui en découvrir le véritable sens.

Avant que l’ordre fût donné de quitter Salisbery, le jeune écuyer Éliézer de Listenois était allé trouver messire Gauvain, pour lui rappeler le vœu qu’il avait fait d’être « adoubé » de sa main. Gauvain chargea Gaheriet de lui

  1. Par les oliviers dont il est si souvent parlé dans les anciens romans du nord de la France, il faut toujours entendre les saules.