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LES CHEVALIERS DE LA TABLE RONDE.

se mesurer avec eux et ressaisir l’avantage qu’ils avaient précédemment perdu. C’étaient Agravadain, frère de Lyas le Vermeil d’Estramore (lequel eut depuis guerre avec le roi Artus), Manoval et Sinoronde l’Angre. « Entrons si vous m’en croyez, » dit Manoval à ses deux compagnons, « dans cette forêt qu’on nomme à bon droit la Forêt aventureuse. » La proposition est approuvée. Les trois compagnons prennent la voie la plus féconde en aventures, celle qui conduisait au château de l’Espine. Cependant les chevaliers de la Reine arrivaient au milieu de la forêt, dans une belle lande[1] où ils s’arrêtèrent pour reposer. « Pourquoi, » dit alors Galeschin, « messire Gauvain et ses frères ne sont-ils ici ? nous irions réveiller les Saisnes. – La chevauchée, » reprit Dodinel, « serait dangereuse ; ces forêts n’ont pas de refuge, nos chevaux y périraient de faim. » Ils en étaient là, quand survinrent les trois compagnons de la Table ronde, que leurs armes déguisées ne permirent pas de distinguer. – « Connaissez-vous ces chevaliers ? » demanda Sagremor. – « Non, » fit Galeschin. De l’autre côté, Agravadain disait : « Je vois trois chevaliers qu’il y aurait plaisir à mettre à pied.

  1. La lande n’est pas seulement une terre inculte, mais une étendue de terre couverte d’herbes, de bruyères ou de mousse.