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LE ROI ARTUS.

l’oreille assez fortement pour le jeter étourdi à terre. Il allait faire passer son cheval sur lui, quand Gaheriet lui dit : « Ah ! beau doux frère, ne vous courroucez pas ainsi contre lui ; vous connaissez trop son orgueil et sa furie pour prendre à cœur ce qu’il peut dire ou faire. — Tais-toi, je ne comprends pas que tu ne te sois pas défendu. — Vous oubliez, beau frère Gauvain, qu’il est mon aîné et que je dois lui porter honneur ; tout ce que je lui disais n’était que pour gaber et rire. — Pourtant, » dit alors Guirres, « as-tu les premiers torts, tu le connaissais et tu as pris plaisir à l’exciter. Il est juste que tu en sois puni. — Par Dieu ! » répond Gaheriet, « ce n’est pas avec un étranger que j’irais gaber ; et puisqu’il faut se garder de le faire entre proches et amis, c’est la première et la dernière fois que je l’essayerai. Si nous n’avions pas un message à remplir de compagnie, je vous quitterais même à l’instant. — Pour moi, » continua Guirres, « j’en voudrais à Agravain s’il ne se vengeait de vos mauvaises paroles. – Et moi, » fit Gauvain, « je dis malheur à vous, si vous faites la moindre injure à Gaheriet. — Dès que vous nous en priez, beau frère Gauvain, nous nous en garderons ; mais je suis dolent de vous voir prendre son parti contre nous, et de rejeter sur nous le