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LE ROI ARTUS.

Mais, quand les Saisnes furent entièrement hors de vue, la querelle recommença entre les fils du roi Loth qui seraient devenus ennemis, si Gauvain ne les eût apaisés. Gaheriet le premier dit au roi : « Beau père, demandez à mon frère Agravain s’il a grande envie de se jouer aux demoiselles qu’il pourrait rencontrer en ce bois. » — Agravain, le regardant de travers : « Vous raillez plus volontiers maintenant, » dit-il, que vous ne faisiez quand un Saisne vous tenait abattu, et que pour vous délivrer vous avez eu besoin de Gauvain.

— Si je suis tombé, » dit Gaheriet, « je n’en puis mais ; au moins n’ai-je cessé de me défendre : vous feriez mieux de ne pas parler de cela ; car vous fûtes tellement serré de près, que si la plus belle dame du monde vous eût alors prié d’amour, vous n’auriez pas su lui dire un seul mot, et vous auriez laissé un enfant de cinq ans prendre vos braies. »

Ces mots augmentèrent la colère d’Agravain ; s’ils avaient été seuls, il eût assurément commencé là mêlée. Loth, pour mettre fin à la querelle, demanda ce qu’il fallait faire des sommiers que les Saisnes avaient abandonnés : « Mon Dieu ! père, » dit Gaheriet, « prenez les conseils d’Agravain, lui qui, à l’en croire, a tout gagné ! — Voilà une parole que tu payeras, » s’écria Agravain étincelant de fu-