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LES FILS DU ROI LOTH.

vain languit longtemps pour avoir dit de méchantes paroles à une pucelle qui chevauchait en compagnie de son ami. Il engagea le combat et blessa gravement celui qui la conduisait ; mais, quand il voulut partager le lit de la demoiselle, il lui trouva les jambes puantes et lui fit un tel affront de paroles que, pour s’en venger à son tour, elle l’affligea d’une blessure qui ne se fût jamais refermée sans Gauvain et Lancelot, auxquels fut réservé le pouvoir de le guérir, comme on verra par la suite.

Il était heure de tierce quand ils sortirent de la forêt pour entrer dans une terre qui longeait le bois jusqu’à Roestoc. Bientôt ils entendirent des cris perçants : c’était Lidonas, l’écuyer du varlet de Listenois, chassant d’une main le sommier qui portait les provisions, de l’autre le palefroi de son maître. Dès qu’il aperçut les princes d’Orcanie : « Ah ! mes seigneurs, venez porter secours au plus beau, au plus brave, au plus noble des damoiseaux. Mon maître est depuis longtemps seul aux prises avec plusieurs centaines de Saisnes, il résiste encore, mais il est seul, et ne pourra tenir longtemps. Il est là, sur la lisière du bois. » Appeler les garçons, prendre les chevaux de bataille, vêtir les hauberts, ceindre les épées, cela fut pour Gauvain, ses frères et leur père, l’affaire d’un moment. Tout en sui-