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LE ROI ARTUS.

faussé et son heaume aplati sur sa tête ; pourtant, de chaque coup de lance, il tue ou désarçonne l’un ou l’autre. Quand le glaive est brisé, il saisit l’épée et se défend encore ; mais enfin, tout meurtri, on le voit fléchir sur le cou de son cheval, tout en frappant ceux qui s’aventurent de trop près. Enfin il allait tomber mort ou pris, quand Dieu lui envoya un secours inattendu. Ici nous devons revenir au roi Loth et à ses enfants que nous avons laissés prenant congé du forestier.

Pendant que les fils de Minoras vont avertir le roi Clarion de se trouver au rendez-vous d’Arestuel, Loth et ses quatre fils étaient rentrés dans la forêt. Le temps était doux, l’air tiède, l’herbe mouillée de la rosée matinale ; les oiseaux chantaient à qui mieux mieux sur les arbres ; tout en un mot ramenait nos damoiseaux à des pensées d’amour. Guirres chevauchait le premier, puis Gaheriet, puis Agravain ; enfin, un peu plus éloignés, le roi Loth et Gauvain. Gaheriet, le plus amoureux, se mit alors à chanter un son nouveau, d’une voix dont la douceur semblait charmer les oiseaux eux-mêmes. Le soleil s’étant levé, Gaheriet s’arrêta pour aller au pas de ses frères. « Chantons ensemble, » dit Guirres et leurs voix formèrent bientôt les accords les plus doux et les plus beaux.