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TOURNOI DE LOGRES.

roi Artus. – Qu’ils fassent comme ils l’entendront ; mais sachez que, partout où je pourrai les retrouver, j’irai à leur rencontre pour leur montrer que je les tiens à ennemis. »

Comme ils s’éloignaient sur ces paroles, le roi Artus arriva : « Beau neveu, » dit-il, « est-ce ainsi que vous avez écouté la prière que je vous fis ce matin ? vous avez frappé mes chevaliers à mort ; vous leur avez fait du pis que vous avez pu, et j’en ai le plus grand chagrin du monde. — Sire, qui commence la folie doit la payer. Je n’ai rien fait en dépit de vous ; et je suis prêt à m’en défendre envers et contre tous. »

Les quatre rois décident Gauvain à se désarmer. Sagremor, Yvain et leurs compagnons retournent à leurs hôtels ; autant en font les chevaliers de la Table ronde. Ils revêtent les robes de cour ; ceux que leurs blessures et l’extrême fatigue ne retenaient pas arrivent au palais et entrent, se tenant par la main, deux à deux, dans la maître-salle. Les rois se lèvent et leur font belle chère. La reine vient à eux, invite Gauvain, Yvain et Sagremor à prendre place sur la même couche auprès d’elle. Bientôt l’enjouement se peint sur tous les visages, ils rient, gabent et conversent, la reine montrant surtout combien elle est heureuse de la