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LE ROI ARTUS.

tombèrent pour n’en pas sortir, laissant glaives et écus flotter sur les eaux.

Le combat dura longtemps encore : les deux partis, soutenus à plusieurs reprises par de nouvelles recrues, poussèrent et furent poussés tour à tour jusque dans l’enceinte de la ville. L’église de Saint-Étienne servit quelque temps de boulevard et de refuge aux furieux combattants ; mais enfin, grâce à l’intervention des trois rois et de la reine, Gauvain consentit à poser les armes et permit à ceux de la Table ronde de s’éloigner confus et déconfits. Mais ce ne fut pas sans échanger de rudes paroles avec Hervis du Rinel, le chef des chevaliers vaincus. « Si nous avons méfait envers vous, » dit Hervis, « nous l’amenderons, et, pour l’amour de vous et non d’autres, mes compagnons resteront les amis de vos compagnons. — Ils ne seront pas les miens, » reprend Gauvain, « je ne les aimerai jamais ; partout où je les trouverai, je les traiterai en ennemis. Nous sommes quatre-vingts, et nous défions en pleine campagne les cent vingt meilleurs d’entre eux. — Ah ! Sire, dit Hervis, vous parlez ainsi dans le feu de la colère ; quand vous serez reposé, vous penserez autrement. Il y aurait trop de deuil et de dommage si, pour un moment de folie, tant de prud’hommes abandonnaient la cour du