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VŒUX D’ARTUS ET DES CHEVALIERS.

gnons de la Table ronde dirent qu’ils adoptaient la forme de ces derniers vœux. À compter de ce jour, Gauvain et ses compagnons furent appelés les Chevaliers de la Reine.

De tous ceux qui applaudissaient aux vœux des chevaliers et aux paroles du roi et de la reine, le plus bruyant était Dagonet de Carlentin. C’était pourtant un fou de nature, la plus couarde pièce de chair qu’on pût imaginer. Il sautait, frappait des mains et criait qu’il irait dès le point du jour à la quête des aventures. « Ne me suivrez-vous pas, messire Gauvain ? êtes-vous assez sûr de vous, assez vaillant pour l’entreprendre ? Quant à tous les autres, à ces beaux compagnons de la Table ronde, je sais d’avance qu’ils n’auront pas le cœur de m’accompagner. Ces paroles faisaient rire ceux qui les entendaient. Il lui arriva pourtant maintes fois de s’armer. Alors il s’en allait dans les forêts ; quand il voyait un haut chêne, il y suspendait son écu et ferraillait tant qu’il en enlevait le vernis ; puis, au retour, il disait qu’il avait combattu et tué un ou deux chevaliers mais, s’il venait à rencontrer un chevalier armé, il prenait aussitôt la fuite. Parfois il lui arrivait de se trouver devant un chevalier qui, perdu dans ses pensées amoureuses, ne voyait plus devant lui et n’entendait plus rien. Dagonet alors s’approchait,