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LE ROI ARTUS.

comme à son seigneur terrien. » Pendant qu’Artus lève les mains vers Dieu, pour lui rendre grâce, le bon roi Loth descend de cheval, approche, le heaume détaché, la coiffe du haubert avalée sur les épaules : Artus met en même temps pied à terre, et Loth, s’agenouillant, lui tend son épée nue en disant : « Tenez, Sire, je me rends à vous comme atteint de forfaiture. Faites votre plaisir de moi et de ma terre, ou recevez-moi comme votre homme. » Artus le prend alors par la main droite : « Levez-vous, Sire, vous en avez trop fait ; vous êtes si prud’homme qu’il serait bien raison de vous pardonner de plus grands torts ; et quand même je vous haïrais à mort, vos enfants m’ont fait assez grand service pour m’ôter le cœur et la volonté de vous mal faire. Loin de là, je vous mets en abandon moi et toutes les choses miennes, pour l’amour de votre fils Gauvain, l’homme que j’aime le plus au monde. Et cependant, » montrant les deux rois, « vous voyez ici deux prud’hommes que je ne saurais jamais trop aimer, pour tout ce qu’ils ont fait pour moi. »

La paix ainsi faite entre eux, ils se remirent tous en marche vers Logres, où ils furent reçus à grande joie. La ville n’était pas assez vaste pour contenir les malheureux Bretons arrivant des terres voisines, afin d’échapper