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LA SECONDE GENIÈVRE.

chasser votre honte ; mais vous avez une fille dont il est nécessaire de faire justice et, d’un autre côté, vous avez été si preux, si loyal envers moi, que je ne puis la punir comme elle le mériterait. Je vous invite donc à la conduire vous-même hors de ce royaume, et à lui défendre de jamais y revenir. — Sire, » répondit le sénéchal, « cette malheureuse ne fut jamais ma fille : je n’en suivrai pas moins votre désir ; mais, par Dieu, j’aimerais mieux qu’on l’eut brûlée publiquement ou enterrée vive. Jamais elle ne tiendra de moi la moindre chose. — Ne parlons pas de cela, reprit le roi ; elle s’éloignera, et vous pourrez en sa faveur disposer de mon avoir et de mes deniers. »

Cleodalis partit le lendemain et atteignit bientôt, avec celle qu’on croyait sa fille, les marches de Carmelide. Ils frappèrent sur les terres voisines à la porte d’une abbaye entourée de champs incultes. Là fut retenue Genièvre, jusqu’au moment où Bertolais vint l’en tirer pour en faire l’instrument d’une autrre trahison.

Ce Bertolais avait été longtemps un des barons les plus renommés de Carmelide mais, ayant à tirer vengeance d’un chevalier qui avait tué un de ses cousins germains, parce qu’il honnissait sa femme, Bertolais sans daigner se plaindre au roi, défia son ennemi, le