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LE ROI ARTUS.

la chambre de la reine pour y faire l’office de la gouvernante. Le roi, pour se convaincre de la vérité de cet étrange récit, accompagna les trois demoiselles, consola sa fille encore tout éplorée, et voulut assister à son coucher. Quand les filles l’eurent recouverte, Leodagan s’approcha du lit, leva le couvertoir, et la couronne tracée sur les reins de sa fille lui ôta les doutes qui pouvaient encore lui rester. Sans dire mot, il sortit de la chambre, laissant les trois demoiselles fort étonnées de son action. Parut alors le roi Artus ; les demoiselles sortirent, et pas n’est besoin de dire que la nuit fut pour les deux jeunes époux la plus agréable du monde.

Le lendemain, Ulfin et Bretel envoyèrent prier Cleodalis de venir les trouver. Il apprit d’eux, en confidence, la grande trahison dont sa fille n’avait pas craint de se rendre l’instrument. « Elle n’est pas ma fille, » répondit Cleodalis ; « ma fille n’aurait jamais consenti de trahison, » Pendant qu’ils parlaient, arrivèrent Leodagan et Merlin auxquels tous trois racontèrent l’aventure de la veille, qu’ils savaient aussi bien qu’eux-mêmes. Le roi, s’étant un instant conseillé, dit à Cleodalis : « Sire sénéchal, sire sénéchal, je vous aime et souhaite accroître vos honneurs à mon pouvoir ; Dieu m’est témoin que je ne voudrais pour rien au monde pour-