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LE ROI ARTUS.

tour à ceux qui les avaient chassés du champ de bataille. Ce fut une première déloyauté qu’ils devaient payer chèrement. Gauvain, averti du danger que couraient ses amis, saisit une forte branche de chêne abandonnée dans la campagne, et, jetant son épée de tournoi, fondit sur les compagnons de la Table ronde, et de cette arme nouvelle navra ceux qui osèrent l’attendre. C’en était fait d’eux tous, si Merlin n’avait averti le roi Artus de faire crier la fin des luttes. Mais Gauvain, ivre de sang et de vengeance, n’entendit pas le signal ; il fallut que Merlin se plaçât lui-même au-devant des chevaliers de la Table ronde, et qu’il s’écriât en portant la main à la branche de chêne dont Gauvain s’était fait une arme si terrible : « Sire chevalier, vous êtes pris, rendez-vous à moi. Vous en avez assez fait pour aujourd’hui. » Ainsi fut terminé le tournoi, mais les chevaliers de la Table ronde furent inconsolables de l’échec qu’ils avaient reçu, et leur dépit se convertit en projet de vengeance qu’ils mirent bientôt à exécution.

Au palais, après l’office des vêpres et quand on eut parlé d’aller dormir, les soudoyers de la parenté de Cleodalis se tapirent au nombre de dix, armés seulement de leurs épées, sous les arbres du jardin ; avec eux était la seconde Genièvre. La gouvernante de