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LE ROI ARTUS.

à une seule rencontre : c’est un double emploi dont l’usage, chez nos romanciers, semble prouver au moins que les lais originaux ne s’accordaient pas entre eux de tout point. Si les romans de Merlin et d’Artus sont appelés à recevoir les honneurs d’une nouvelle impression, le futur éditeur fera sagement de refondre dans son texte ces aventures géminées, en ne conservant que les variantes de quelque intérêt.

Le roi Artus, au retour de la campagne de Gaule, rentrait à Logres, où il ne demeurait que trois jours, puis reprenait le chemin de Carmelide, toujours accompagné des rois Ban et Bohor, qu’il voulait avoir pour témoins de son mariage. — Leodagan vint de deux lieues à leur rencontre : ils trouvèrent à Caroaise toutes les rues tapissées, la terre jonchée d’herbes fraîches et menues, les dames, les valets, les pucelles dansant et carolant sur leur passage, les damoiseaux behourdant et rompant des lances à qui mieux mieux. Dans la salle où Leodagan les conduisit se trouvait Genièvre, qui courut à Artus les bras ouverts. En présence de tous, elle le baisa sur la bouche ; ils se prirent main à main et montèrent au palais, où les attendaient un somptueux festin.

Le lendemain Leodagan mit Artus à raison, et lui demanda s’il ne pensait pas le moment venu de conclure le mariage. « Je le désire