Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/236

Cette page a été validée par deux contributeurs.
229
MERLIN À ROME.

avant de nous quitter, je prie l’homme sauvage de nous dire quel est son nom et quel est le grand cerf qui vint dans mon palais, pendant que j’étais à table. — Ne le demandez pas ; car mon intention n’est pas de vous le dire ; moi, je vous demande congé, vous devez me l’accorder. — Soit donc ! » dit l’empereur, « et grand merci de tout ce que vous avez dit. À Dieu soyez recommandé ! »

L’homme sauvage se mit aussitôt en voie. Mais au seuil du palais il s’arrêta pour tracer au haut de la porte, en caractères grecs que personne ne pouvait lire, une inscription qui disait : « Sachent tous ceux qui ces lettres liront que le vrai sens du songe de l’empereur fut donné par Merlin de Northumberland ; que le grand cerf branchu qui entra dans la salle où les tables étaient dressées, et qui parla dans la forêt à Avenable, était encore Merlin, le maître conseiller du roi Uter-Pendragon et de son fils le roi Artus. » Ces lignes tracées, l’homme sauvage s’éloigna, et personne ne put dire ou savoir ce qu’il était devenu. La vérité est qu’en moins de deux jours, par la force de son art, il se trouva dans les forêts de Northumberland, et se hâta d’aller conter à son maître Blaise tout ce qu’il avait fait en Gaule ; la grande bataille qu’Artus allait livrer aux Saisnes, la cause et les effets de son voyage en