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LE ROI ARTUS.

pour sa défense, fut livrée au jugement des barons qui, après une courte délibération, déclarèrent qu’on ne pouvait rien faire de mieux pour elle et les douze garçons, que de les condamner à mourir dans les flammes ; le jugement fut aussitôt exécuté.

Ainsi fut vengé l’empereur de la mauvaise conduite de l’emperière, par le grand sens de l’homme sauvage. « Mais, » dit Julius, « ne direz-vous pas aussi pourquoi vous avez ri à plusieurs reprises avant d’arriver à Rome, quand vous regardiez Grisandole, et pourquoi l’écuyer avait souffleté son seigneur ? — Je le dirai volontiers. J’ai ri la première fois, en pensant que je me laissais prendre aux ruses d’une femme car celui que vous nommez Grisandole est la plus belle et la plus sage demoiselle du monde. J’ai ri devant l’abbaye, parce que ces gens qui attendaient l’aumône foulaient sous leurs pieds un grand trésor, et qu’il leur eût suffi de creuser la terre de quelques pieds pour être dix fois plus riches que tous les moines. Quand le sénéchal me demanda pourquoi j’avais ri, je fis entendre qu’il était travesti, qu’il avait comme changé de nature. Les femmes n’ont-elles pas trompé mains prud’hommes ? n’ont-elles pas causé la ruine de grandes villes, de grands royaumes ? Je ne parlais pas de lui