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MERLIN À ROME.

cheval et mènent avec eux dans le moutier l’homme sauvage toujours enchaîné. Là se trouvait un chevalier et à quelque distance un écuyer. Comme le chevalier regardait avec surprise cet homme sauvage, son écuyer qui était resté sous le porche avance vers son seigneur, lui donne un soufflet dont toute l’église retentit et retourne en pleurant de confusion et de repentir à l’endroit d’où il était parti. À peine arrivé, il change de mine et semble on ne peut plus satisfait de lui-même. Le Sauvage alors jette un nouveau ris, le chevalier ne paraît rien comprendre à l’action de son écuyer. Un instant après, l’écuyer se lève encore, revient à son seigneur, le frappe d’un second soufflet non moins violent que le premier, et retourne en pleurant ; à peine arrivé, il reprend sa première sérénité, et l’homme sauvage de jeter un second ris. Un troisième soufflet est encore donné au chevalier avant la fin du service, et fait une troisième fois rire l’homme sauvage. La messe achevée, le chevalier suivit Grisandole et le pria de lui dire qui il était et surtout quel était l’homme enchaîné. Grisandole répondit qu’il le conduisait à l’empereur pour y donner l’explication d’une vision singulière. « Mais vous, sire chevalier, » ajoute-t-il, « me direz-vous pourquoi cet écuyer vous donna trois soufflets ?

— Non, je l’ignore, et je vais le demander à