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LES JEUX DE GUINEBAUT.

une dame de la plus parfaite beauté, de l’autre un chevalier de cinquante années d’âge environ. Dès qu’ils virent la dame, Bohor, Guinebaut et leurs compagnons descendirent de cheval : la dame à leur approche se lève, comme sage et bien enseignée, ôte sa guimpe, salue le roi Bohor et les invite tous à s’asseoir sur l’herbe fraîche et verdoyante. Quelque plaisir qu’il y eût à regarder ces charmantes caroles, Guinebaut en prenait encore un plus grand à contempler la dame assise : plus il la regardait, plus il sentait le feu d’amour pénétrer dans son cœur. « Ne pensez-vous pas, » dit alors la dame, « qu’on serait bien heureux de suivre ces belles caroles tous les jours de la vie ? — Dame, » répond Guinebaut, « il ne tiendrait qu’à vous d’avoir ce bonheur. — S’il en était ainsi, j’en serais ravie, » dit-elle, « mais à quelles conditions ? — Consentez à me donner votre amour, et je ferai durer les caroles tant que vous voudrez. Les beaux danseurs d’aujourd’hui seront tour à tour remplacés par ceux que le hasard conduira dans ces lieux ; à peine arrivés, ils se mettront à faire joie, à caroler et chanter, jusqu’au moment où surviendra un fils de roi qui n’aura jamais faussé ses amours, et qui joindra à cette rare vertu celle d’être le plus preux chevalier de son temps. » La dame répondit