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VIVIANE.

et tant sut mettre de tendresse dans ses yeux qu’il laissa échapper de ses lèvres le secret désiré. De plus elle obtint la connaissance d’un autre jeu qui la mettait à l’abri de toute défiance dans la vertu de Merlin. C’étaient trois mots qu’il suffisait d’écrire sur le dos de celui dont on partageait la couche, pour n’avoir rien à craindre de ses entreprises. « Si li aprist trois nons que se escrivoient en ses aines, totes les fois qu’il devoit à li gesir, qui estoient plain de si grant force que jà tant que il i fussent ne poïst à li avenir. Et por ce dit l’en en reprovier que feme a plus d’art qu’un deable. » Mais, ajoute le romancier, la précaution était inutile, car on ne voit pas que Merlin ait jamais inquiété la vertu de Viviane ou d’aucune autre femme. Pendant les huit jours qu’il demeura cette fois avec elle, il lui apprit encore une foule d’autres secrets merveilleux qu’elle se hâta de mettre en écrit, et que peut-être un jour on retrouvera.

Longtemps après, quand le roi Artus eut tué le géant du mont Saint-Michel, chassé le démon qui, sous la forme d’un chat noir, gardait le pont de Lausanne, et mis en complète déroute dans les plaines d’Autun l’armée romaine de l’empereur Lucius, Merlin reparut à la cour de Logres et dans la forêt de Bredigan pour la dernière fois. En prenant congé