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LE ROI ARTUS.

trouvant pas dans la ville le roi Artus, qu’ils y venaient chercher, pensa que le mieux était d’y séjourner pour la mettre à l’abri de toute entreprise et harceler les Saisnes répandus dans la campagne.

Pendant ce temps, un autre neveu d’Artus prenait une résolution pareille à celle de ses cousins. C’était le jeune Yvain, fils aîné du roi Urien et d’Hermesant, autre sœur du roi Artus. Yvain avait un frère, bon chevalier, mais plus orgueilleux et moins prud’homme ; il se nommait Meleagant, et le livre de Lancelot en parlera longuement. Le roi, leur père, en tenant la campagne contre les Saisnes, les avait chargés de défendre la ville de Sorhaus, de concert avec un autre Yvain surnommé l’avoutre, que le roi Urien avait engendré de la femme de son sénéchal. Cette dame avait été de grande beauté : tel avait été l’amour du roi pour elle qu’il était demeuré cinq ans séparé de la reine sa femme et que, pour l’obliger à la reprendre, la terre avait été mise en interdit. Il lui fallut donc abandonner la femme de son sénéchal ; mais il ne perdit pas de vue l’enfant qu’elle avait mis au monde, et, le voyant croître en valeur et beauté, il l’avait fait nourrir avec son fils aîné, et lui avait donné de bonnes terres, desservies par une nombreuse mesnie. Pour le premier Yvain, qu’on distinguait de son frère